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L'ÊTRE DEVIENT HOMME

L'être, lourd, confus, se retourne dans les confins
de ses origines. Il essuie les restes de placenta, coupe le cordon, seul, de sa mère la terre.
L'être, lourd, confus, magma d'ignorance
et de frayeurs s'essaie à penser. De qui vient-il?
De quelles noces sanglantes son coeur est-il empli? Quels orages ouvrirent le seuil de son âme?
Sur quelles parois son père inscrivit-il son nom?
L'être, lourd, confus, essaie de déchirer
ses paupières closes. La glaise retient sa langue, ceint sa bouche, la terre englue ses bras.
Il se retourne vers la paroi de ses origines et hurle. Nul écho, sauf celui de sa propre voix ne lui répond. La ténèbre l'englue.
Il ne peut pas se souvenir d'une lumière
qu'il ne connut jamais.
L'être, lourd, confus, invoque les dieux à l'aide. Aucun ne lui répond.
L'être, en désespoir, prend un silex et fend sa face en long et en large, se scarifie. Un liquide, amniotique et sang mêlés, coule de lui et tombe
à ses pieds. La glaise les absorbe.
Vidé de ses fluides, il s'assèche et prend forme.
Il durcit. Il se dresse. Il traverse alors la nuit
des temps. 

À l'aube du jour nouveau, il trouve la parole,
il la mange. Il vient de trouver l'art,
il vient de devenir homme.

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