Florence DAUDÉ
AU NORD DE L’OMBRE
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L’œil solaire inonde l’horizontale du lac,
ne touche plus que la nappe d’eau, l’éblouit, l’assourdit de son métal chauffé à blanc.
Un de mes bras vit dans un pôle, au nord de l’ombre,
l’autre enchassé d’or ploie encore et encore.
L’horloge du temps sombre, sur l’eau il est jour, déjà sous l’eau la nuit arrive, velours bleu vert fonçant, tirant des abîmes le râle du sommeil. Il ne faut qu’un clin d’œil, glissant de l’horizon vers les profonds pour percevoir le glas du jour, son tocsin ouvrant droit à la montée de la nuit. L’homme est chassé des lieux.
Mais il peut encore échanger un regard avec l’œil solaire blanc brûlant, couché presque à ras de l’horizon, qui nargue , par sa puissance, mais ce même horizon va le perdre, en quelques instants, pour inonder de nuit la terre, son eau.
Point d’orgue avant l’entrée dans le cloitre du soir, où les murmures s’étouffent. Transition du silence intérieur vers le dehors, dont de nouveaux bras s’ouvrent pour nous faire taire en nous embrassant.