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Le silence est la peau du langage

 

 

 

LE SILENCE EST LA PEAU DU LANGAGE

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Il enveloppe la chair du dire.

Il lui est aussi nécessaire que la chute à la pesanteur.

L’un ne transite pas sans l’autre. Mais le silence tient

sa préséance de son pouvoir à taire  avant d’écrire.

Il est la faux qui rase sans pardon ni excuse le sens premier.

Il n’aime pas l’affirmation. Ni entendre deux fois.

Il bâillonne le déjà-dit. Il n’aime que l’entr’aperçu qui fait doute.

Il est cet entre-deux, l’entre la pensée naissante

et son inscription mortifère.

Une fois écrite, la pensée s’aliène dans le certain.

Elle ne peut plus souffleter les sens, agiter une crinière.

Elle gît dans les phrases.

Il faut inciser – alors – sans remords.

Lever l’ancre des mots, et caresser leur peau muette.

Le silence, épiderme de la pensée, autorise son affleurement.

Il est le braille d’une idée qui se cherche et qui a besoin de palper sans nommer, pour atteindre.

« En être réduit au silence » serait plutôt en être élargi par lui à l’inconnu, tel un être délesté des mots appris.

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