Florence DAUDÉ
Jean-Noël GRIVAT
Des pas tranquilles me menèrent un jour d'automne vers l'antre-atelier de Jean-Noël GRIVAT. Sa main descella la trappe d'un vaisseau échoué en terre jurassienne. Tel le ventre de la baleine, la maison familiale recelait dans un silence trompeur une humanité stupéfiante.
À bas bruit d'abord, des sculptures égrenées dans le salon, une chambre, m'appelèrent à avancer dans ce bloc de temps immobile, sur la surface d'un iceberg de pierre et de bois.
Puis les voix se firent plus insistantes, la clameur grandit. Alors, j'entrai, appelée de toute part. J'entrai dans le ventre du temple: la grange. Une horde hurlante, muette, figée, haletante, me regarda venir. Une arène de statues pétries dans le bois, la nuit, les rais du soleil, m'encercla.
Je fus au milieu du ring, saisie par ces demi-dieux caressants, ces hommes implorants, ces figures du Moyen-Âge glissant vers une Inde oubliée. Je fus frôlée par ces bêtes-hommes-femmes appelant à la transformation, au retour, à l'origine, à la quête de la paix. J'entendis dans le cœur de la caverne des clameurs ultimes, des chants apaisants, des plaintes, une grande douceur.
Je vis une humanité surgie de la face cachée de l'iceberg de l'homme, d'un homme: Jean-Noël GRIVAT .
Florence DAUDÉ juin 2024